Selon une étude française, les projets pour l’égalité des genres au sein d’Erasmus+ ont un impact fort.
L’égalité hommes-femmes est un objectif proclamé par l’UE en général, et par le programme Éducation et Formation permanente européenne pour 2007-2013. Pourtant, seul 1,2% des projets ayant vu le jour dans le cadre de ce programme traitent de la question. Un constat désolant, selon l’Agence Erasmus+ France, qui a démontré que « les projets européens, de différentes manières et à différentes échelles, contribuent aux avancées de l’égalité entre les sexes en Europe ».
Entre 2007 et 2013, 40 projets impliquant des organismes français se sont concentrés sur l’égalité des genres, dans le cadre des programmes Grundtvig (éducation des adultes), Leonardo (formation professionnelle des jeunes diplômés) et Comenius (enseignement scolaire). Près de la moitié de ces projets ont été réalisés dans le cadre du programme Grundtvig.
Selon l’étude de l’agence, les résultats sont globalement très positifs, même s’ils sont difficilement quantifiables, à cause de la nature subtile des changements de mentalité.
Dans l’ensemble, les projets étudiés traitent la question selon deux orientations majeures, une tendance que l’on retrouve dans les projets n’impliquant pas d’organismes français : l’évolution des mentalités grâce à la réflexion et à l’échange de bonnes pratiques (17 projets) ; et l’amélioration concrète des problèmes des femmes dans le monde du travail (23 projets, pour la plupart Leonardo).
L’analyse montre par ailleurs que l’intérêt des États pour la question de l’égalité des genres varie énormément. Bonne nouvelle : les pays où il existe le plus d’inégalités sont en général aussi ceux dans lesquels on trouve le plus de projets.
Parmi les projets étudiés, on compte notamment une collaboration entre l’Allemagne, la France et la Turquie, tendant à insérer dans la vie professionnelle des femmes ayant quitté les zones rurales pour la ville sans pour autant trouver d’emploi. Les collaborations avec des pays non-UE ne sont pas rares, comme en témoigne cette autre initiative intégrant l’Allemagne, l’Autriche, la Pologne et la Suisse, et visant à promouvoir l’implication parentale des pères dans l’éducation des enfants.
Un autre projet coordonné par l’Institut lillois d’éducation permanente rassemblait la Suède, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique et a servi à sensibiliser des jeunes à l’égalité et à la diversité par le biais de la littérature jeunesse. Dernier exemple : l’élaboration de techniques d’enseignement innovantes pour briser barrières dans l’éducation des sciences et de la technologie pour les filles, un projet coordonné par le Royaume-Uni, avec comme partenaires la France, la Norvège et la Pologne.
Inégalités sur le marché de l’emploi
Les participants aux projets estiment avoir une meilleure compréhension de ces mécanismes, et ont parfois eu un impact réel sur les inégalités, grâce à la production de matériel didactique à l’intention des entreprises et travailleurs, par exemple, où à la conscientisation des jeunes.
Leur plus grande déception est très majoritairement le caractère éphémère de l’initiative, deux ans, et le manque de prévision d’une coopération continue au-delà de ce cadre.
Selon une étude de l’Eurobaromètre, les inégalités salariales sont, avec les violences faites aux femmes, l’inégalité la plus évidente identifiée par les Européens. La plus grande partie des citoyens estime par ailleurs que le niveau européen serait le plus efficace dans la lutte contre l’inégalité des genres. Il semble donc logique d’investir dans des projets rassemblant les thèmes des inégalités dans le monde du travail et de l’UE.
Une logique qui semble échapper à Bruxelles puisque, malgré les bons résultats des projets de la période précédente, le nouveau programme Erasmus+ ne mentionne plus cet objectif. Pour la période 2003-2013, le programme stipulait en effet que « le programme poursuit des objectifs spécifiques concernant l’éducation et la formation tout au long de la vie dans l’Union européenne qui consistent à renforcer […] leur contribution à la citoyenneté active, et […] à l’égalité hommes-femmes ».